Pour le deuxième été consécutif, la 47e édition du Critérium de Castillon-la-Bataille ne se tiendra pas, une quinzaine de jours après la fête populaire engendrée par le Tour de France, Julian Alaphilippe était venu rouler lors du dernier Critérium de Castillon-la-Bataille, en août 2019. Georges Barrière, le fondateur et patron du Critérium de Castillon-la-Bataille, a dû se résoudre à une deuxième annulation.
Après la venue pimpante du Tour de France en juillet, la grande fête du vélo dans le Libournais aurait pu se prolonger par une nouvelle édition du Critérium de Castillon-la-Bataille. Les affiches, dont l’une d’elles avec Julian Alaphilippe, étaient prêtes.
Faute de financements suffisants mais également pour des raisons sanitaires, le rendez-vous, qui coûte aux alentours de 100 000 euros et devait se tenir ce mardi 3 août, a été annulé pour la deuxième fois consécutive par les organisateurs. Georges Barrière, fondateur et patron de la manifestation, revient sur cette nouvelle déception. Pourquoi le Critérium de Castillon-laBataille sera une nouvelle année absent du programme d’après-Tour ?
Il y a deux raisons : la première financière, la seconde sanitaire. Nous n’avons pas eu de réponse à temps de toutes les collectivités. Il y avait bien le soutien financier et technique de la municipalité de Castillon mais l’absence de réponse des autres partenaires habituels ne pouvait nous permettre d’organiser cet événement. Il était trop tard pour démarcher des leaders puisqu’on a l’habitude de présenter un plateau conséquent, qui a forcément un coût. Par ailleurs, des enseignes ou des commerces locaux, qui d’ordinaire nous accompagnent, vivent un contexte économique compliqué. Ils nous faisaient aussi défaut pour pouvoir afficher le budget nécessaire. Et l’épidémie n’a pas dû faciliter les choses… On a bien vu à la télévision que le Tour de France s’est déroulé dans une sorte de bulle. On pouvait voir le cadre mais pas les à-côtés. C’était vissé. Le public n’avait pas ce qu’il recherche chez nous, tout particulièrement le contact avec les coureurs : la possibilité de faire des selfies, de demander des autographes, de dire quelques mots aux stars du vélo. Cela n’aurait pas été possible d’avoir cette organisation sur cette édition. Du coup, cela nous console un petit peu…
Aviez-vous pu imaginer voire constituer votre plateau avant de devoir annuler ? J’ai eu des contacts, des approches mais nous n’avons pas pu donner suite. J’ai notamment discuté au téléphone avec Julian Alaphilippe. Notre volonté était également de faire venir, comme souvent, le Maillot jaune (le vainqueur du Tour Tadej Pogačar, NDLR) et nous aurions certainement pu l’avoir, après sa présence à Aix-en-Provence (le Slovène était au départ de la Ronde d’Aix ce dimanche, NDLR).
Quelques organisations résistent et perdurent. Ce sont généralement des villes importantes comme Aix-en-Provence, Dijon ou Dole, dans le Jura. Nous à Castillon, un grand village, le petit du bout, les difficultés sont plus importantes que chez eux. Malgré tout, nous étions parvenus à rivaliser et à afficher le même impact sportif et médiatique. Que faudrait-il pour que le critérium de Castillon-la-Bataille perdure ? Un meilleur accompagnement des collectivités ? Oui, c’est évident. D’autre part, il faudrait une plus grande volonté locale. Il n’y a plus de grande culture vélo sur le territoire. On a pourtant vu l’engouement engendré cet été par le retour du Tour de France. Notre rendez-vous est différent dans le sens où il permet aux spectateurs de côtoyer les champions, de s’en approcher. Cela crée des vocations, donne l’envie aux plus gamins de s’acheter un vélo, de prendre une licence, de devenir des coureurs. Ce seront ensuite des candidats possibles à la victoire sur le Tour de France. Le Critérium, c’est un peu une pépinière.
Étiez-vous présent sur le Tour de France entre Libourne et Saint-Emilion ? J’étais à Saint-Emilion et j’ai été agréablement surpris que cela morde autant chez nous alors que, comme je le disais, la culture vélo semble marquer le pas. Il y a un effet Tour de France, c’est indéniable. Il y a la caravane, les gadgets que les gens viennent chercher au bord des routes, une belle ambiance. Je suis très heureux que le Tour soit revenu sur notre territoire mais il ne sera pas là tous les ans. Alors que notre petit Tour de France, l’était. Mais nous ne sommes pas morts !
Vous restez donc optimiste pour un retour ces prochaines années ? Je crois au fait de l’absence. J’espère que celle-ci va accoucher d’un manque. Nous restons de toute façon prioritaires pour conserver une date début août au calendrier 2022. L’inscription doit justement se faire ce mois-ci. Nous allons voir dans les prochains jours si nous nous inscrivons. Tout dépendra des conditions, de savoir si les contraintes ne sont pas trop importantes. Mais a priori, oui, nous serons de nouveau candidats.
Sud Ouest du 02 août 2021
Jean-Charles Galiacy jc.galiacy@sudouest.fr